Le Forum de Lyon en Lignes

J'ai passé la semaine du 1er mai à Saint-Pétersbourg (Russie). J'ai fait quelques photos de TC, visibles ici http://www.flickr.com/photos/25834160@N02/sets/72157605016168479/detail/.

D'une façon générale, l'offre est plutôt abondante : outre les bus, tram trolleys et trains de banlieue, il y a un métro (genre métro express, avec seulement 4 lignes et des stations espacées de 1 à 3 km) et des minibus privés doublant souvent les lignes publiques. En revanche, l'information est très faible (pas de plan affiché, peu d'horaires, girouettes réduites au seul numéro de ligne) et le mot intermodalité ne doit pas exister en russe (tarification différente pour chaque mode de transport).

Et après on se plaint chez nous ! C'est bien joli d'avoir des transports en abondance mais quand on ne sait pas ou ils vont ni quand ils passent, l'intérêt est limité !

Salut,

Merci pour ces photos. C'est surprenant de voir un monument pour le premier tramway. A Lyon, on n'a rien de ce type. Dommage.

A +
Amaury

Et après on se plaint chez nous ! C'est bien joli d'avoir des transports en abondance mais quand on ne sait pas ou ils vont ni quand ils passent, l'intérêt est limité !

Franchement, plus je voyage et plus je trouve que le niveau d'information des réseaux français (information plans + horaires + tarifs quasi-sytématique aux arrêts)  est un des meilleurs au monde.

Bon ensuite, une offre abondante avec une mauvaise information suffit à la clientèle habituée + ou - captive, mais ne permet pas de gagner de nouveaux clients.

Comme on le voit sur les quelques photos de tramways, la voiture est omniprésente. Les embouteillages sont très fréquents, la limitation de vitesse (60 en ville) peu respectée, les passages piétons rares et peu respectés sauf s'il y a un feu rouge. Dans le centre ville, le réseau de tram est en régression constante et il n'y a aucun site propre bus ou tram. En banlieue, il y a des SP tram, qui s'avèrent utiles lorsque les avenues à 2 x 3 voies sont saturées, çad souvent.

Alain a écrit :Bon ensuite, une offre abondante avec une mauvaise information suffit à la clientèle habituée + ou - captive, mais ne permet pas de gagne de nouveaux clients.

Sauf qu'on ne pourrait pas se le permettre chez nous, potentiel trop faible à mon avis.

Oui, je ne défends pas une information déficiente, au contraire : dans un pays où la majorité des gens peuvent choisir leur mode de transport, la qualité de l'information est un critère déterminant.

Tout à fait d'accord ! On en revient à la discussion sur les nouveaux écrans.

A +
Amaury

Salut,
De manière générale, dans l'ancienne Union Soviétique (hors Etats Baltes), les transports publics sont en régression constante, à l'exception des réseaux de métros, qui ont l'avantage de ne pas perturber la circulation automobile. Les trolleybus sont antédiluviens, les trams vétustes sur des infrastructures partagées. A Kiev, l'ancien maire a ainsi décidé de couper en deux le réseau de trams de la ville, avec un réseau à l'est, un réseau à l'ouest... et un dépôt complètement isolé du reste du réseau (cela c'est fait en une nuit) (le dépôt avait d'ailleurs les rames les moins anciennes du réseau, de 1985-90). Le même maire (par chance battu aux dernière élections) avait décidé de remplacer les bus/trolleybus urbains par des minibus (marshrutas). On retrouve partout ces marshrutas dans l'ancienne Union Soviétique. Ce sont des minibus théoriquement prévus pour des voyageurs assis mais qui dans les faits prennent des voyageurs debouts et tassés (et avec une seule porte, les montées/descentes sont sportives). Conduite acrobatique (on s'arrête lorsque quelqu'un fait signe), mais plus de compensation pour la ville (les flottilles de marshruta appartiennent à des privés, qui font conduire leurs véhicules par des chauffeurs qui doivent leur amener une recette journalière; si les chauffeurs gagnent plus, c'est pour eux; moins, c'est pour eux aussi --bref l'anarchie totale). L'ancien maire de Kiev avait ainsi placé SES marshrutas (et ceux de sa maille et de ses amis) un peu partout. Oui, Lyon fait nettement plus civilisé, mais aussi les pays voisins de l'ancienne Union Soviétique qui ont choisi des options totalement différente de celle de l'ancien protecteur...

Dans le genre rétro, il y a aussi les receveurs (en général des receveuses) ambulants à bord des bus, trolleys et trams. Ils vendent à la fois les tickets en rouleau comme ceux que j'ai scannés et vérifient les abonnements avec un lecteur (de code-barre ?). J'ai aussi vu une conductrice de tram descendre de sa cabine (en talons hauts et gilet fluo) pour manoeuvrer un aiguillage à la main, avec ce qu'on appelait autrefois un "sabre d'aiguillage".

La non intermodalité est édifiante. Ma fille a un abonnement autobus qui lui permet de traverser toute la ville sur 30 km, mais si elle veut prendre le trolleybus qui suit le même parcours que l'autobus qui passe devant chez elle, elle doit prendre un billet !

Enfin, les vélos sont quasi innexistants et il n'y a aucun aménagement cyclable. J'ai en revanche vu quelques cyclistes embarquer à bord du train de banlieue, le 1er mai, pour aller se balader à la campagne.

Bref, j'ai eu l'impression de retrouver le partage de la voirie tel qu'on le connaissait à Lyon à la fin des années 1960 !

Alain a écrit :La non intermodalité est édifiante. Ma fille a un abonnement autobus qui lui permet de traverser toute la ville sur 30 km, mais si elle veut prendre le trolleybus qui suit le même parcours que l'autobus qui passe devant chez elle, elle doit prendre un billet !

Salut,
Habituellement, il y a une société pour les trains de banlieue (RZD en Russie, UZ en Ukraine, avec un service minimum car les tarifs sont fixés par l'Etat et ne couvrent qu'une très faible partie des coûts, ce qui fait que ces services sont purement sociaux), une pour le métro (souvent c'est l'Etat), une pour les transports électriques (trams et trolleybus, municipale), une pour les bus (municipale). Deux sociétés municipales (bus et trolley/tram) peuvent parfaitement être en concurrence. Et tous ensemble (seul le métro tire son épingle du jeu) souffrent d'un non-investissement chronique et de la concurrence anarchique des minibus. Une tentative de remettre de l'ordre à Saint-Pétersbourg, avec (enfin) la mise en place d'une autorité organisatrice, aux moyens désespérément réduits.

Alain a écrit :Enfin, les vélos sont quasi innexistants et il n'y a aucun aménagement cyclable.

Pas fous les vélos - nonobstant l'hiver, la circulation est purement anarchique et les automobilistes ont encore moins de respect pour les vélos que pour les piétons (cela dit, les rues russes ou ukrainiennes sont infiniment plus civilisées que les rues bulgares...).

Je reviens d'une semaine à Saint-Pétersbourg et, 3 ans après le reportage d'Alain, rien n'a changé.

Les trolleybus sont toujours aussi vieux (on se demande si on ne va pas passer à travers le châssis à chaque bosse sur la route) et mal aménagés (ils n'ont rien trouvé de mieux que de coller une barre devant (à 3 cm) et au milieu d'un siège, ce qui oblige a faire un peu de lapdance pour s'asseoir. Les minibus sont extrêmement nombreux et peu pratiques (portes latérales comme sur un utilitaire...). Il n'y a toujours pas d'intermodalité et surtout pas de pelliculage sur les véhicules, histoire de bien les repérer.

Le métro semble s'être un peu étendu et une nouvelle station intermédiaire se construit en centre ville, ce qui n'est pas du luxe, compte-tenu qu'il faut parfois marcher une vingtaine de minutes en centre-ville pour trouver une station de métro, alors qu'une ligne passe par là (exemple du théâtre Marinsky, principal théâtre de la ville entouré d'autres bâtiments importants).
Il n'y a pas beaucoup d'automates pour les titres de transports. En revanche, l'utilisation des jetons au lieu de tickets est assez amusante, et il est à noter qu'une fois qu'on est rentré dans le métro, on peut l'emprunter aussi longtemps qu'on le veut et dans tous les sens.
Les stations sont magnifiques, du style soviétique (et l'interdiction de prendre des photos rappelle bien le "style" soviétique  ), comme l'intérieur des rames.