Re-Bonjour à tous. Les nuances et la précision de vos réactions me permettent de mieux cerner la situation, ce vers quoi elle semble s'orienter ... Je vous en remercie et je constate avec satisfaction, compte tenu des pistes de réflexion que vous empruntez, que vous disposez d'importantes marges de manoeuvre, s'il s'agissait effectivement d'analyser prochainement les enjeux et l'impact de la mise en place de la MPA. Nous sommes déjà bien loin des simples slogans ;-)
Vos interventions recoupent en effet pour une bonne part les analyses que certains de vos homologues nantais et rennais formulaient lors de la mise en place de la MPA à la STUR (Keolis - Rennes) et à la SEMITAN (Transdev - Nantes), pour peu que l'on s'y intéresse, comme celà a donc été mon cas, à l'occasion d'une étude exploratoire qui visait précisément à analyser les enjeux et l'impact d'un tel changement organisationnel.
J'en profite d'ailleurs pour m'excuser auprès de celles et ceux qui auront tenté de consulter mon site, et plus particulièrement le "dossier spécial MPA" que j'y ai mis en ligne (
http://bennis.objectis.net/documents/mpa ). Certains liens, brisés, ne permettaient plus d'en consulter le contenu. Navré pour le désagrément que ce contre-temps aura pu occasionner. Les choses sont rentrées dans l'ordre et je vous invite à consulter à nouveau ces pages
"MPA" (ici).
Mais revenons-en au sujet. La MPA ne peut effectivement se comprendre, vous avez raison, qu'en la resituant au coeur de nombreuses problématiques.
La fraude (le "mobile" initial dirait-on, la "souffrance économique" de l'exploitant ...) et
la qualité de service (les interrogations qu'elle suscite dans la perspective d'un tel changement) en sont les plus évidentes, bien sûr. Celle de
l'insécurité l'est tout autant, pour peu que l'on prenne le temps de l'aborder et que l'on s'entende pour la définir (entre autres, en termes de co-production, sous l'angle de la relation de service, pas toujours évidente, dont Manu69 parle pourtant très bien de ses conséquences possibles, avec force de qualificatifs ...). Et d'autres problématiques encore ! Mais restons un instant sur
la relation de service (qui n'a rien à voir, a priori, ou ne saurait se réduire à la qualité du même nom).
L'importance relative de cette relation, caractéristique commune de nombreux métiers qui s'exercent au contact direct des usagers, ne peut pourtant pas se réduire à l'insécurité qu'elle induit ou viserait à éviter, même si
la question de la formation peut prendre ici toute son importance. Importance relative de la relation elle-même disais-je, puisqu'il pourrait être intéressant d'estimer, ou mieux, d'évaluer la part relative que prend la relation aux usagers, par rapport à la conduite (en "self", càd sans MPA). Quelle tendance observerions nous ensemble ? Importance relative aussi de la formation, car je connais peu de CR qui soutiendraient qu'en l'absence de formation spécifique, il ne mettraient rien en oeuvre, de leur propre fait, ni même de façon originale toujours, quant à leur façon de "faire avec" les usagers ...
Une formation qui pourtant s'inspirerait ou prendrait comme base de départ ce qui se fait déjà présenterait ainsi un intérêt certain. Il y a beaucoup à apprendre, j'en ai beaucoup appris, jusque là en tout cas, en le demandant à des CR. Certes les anciens et les nouveaux entrants ne sont pas également dotés de ce point de vue, mais ni la formation, ni l'expérience, ni la personnalité individuelle, ni l'équipe, ni l'unité, ni la hiérarchie, ni l'entreprise ... (etc.) ... à celles seules ne sauraient se passer des autres et de la part qu'elles apportent au travail et qu'apporte lui-même un CR à son travail, au quotidien. C'est ce travail au quotidien, sa difficulté mais sa richesse aussi, que je suis ainsi allé débusquer à Nantes et que je vous demanderais bien de partager ici ...
Ma question initiale ne portait d'ailleurs pas vraiment sur les négociations en tant que telles, mais sur l'articulation à ces négociations de l'étude que le CHSCT appelait de ses voeux, a visiblement obtenu et qui devrait, d'expérience, permettre de poser les termes d'un débat à la fois nécessaire et peut-être utile à plus ou moins long terme. A condition bien sûr de pouvoir aborder les aspects organisationnels (la division du travail, les rapports hiérarchiques ou horizontaux, entre professionnels, ...), fonctionnels (la formation, le recrutement, ...), collectifs (en termes de reconnaissance, de considération, ...). Autant d'illustrations de leviers possibles donc, je vous rejoint en celà aussi Manu69, pour que le seul aspect "technique" (temps de parcours, validateurs, ... etc.) ne soit pas le seul abordé à l'occasion de la mise en place de la MPA, ni des négociations. Ce serait même sans doute louper une occasion inespérée d'approfondir les choses ... Il ne s'agit pas là d'un point de vue militant, même si cela y ressemblerait presque, à me relire, mais bel et bien de ce qui, d'expérience, au sein des TU comme ailleurs, mais plus particulièrement encore lorsqu'il est question de MPA, pour ce que j'en ai vu, ce qu'on m'en a dit et ce qui se corrobore (justement).
Ce qui m'amène à vous poser 3 questions, qui pourront vous paraître vastes, ou pire ... triviales, mais qui me semblent pourtant valoir le coup d'être abordées, dans la lignée de ce qui précède. Je me risque donc :
1. Celle de Manu69 tout d'abord, que j'emprunte et détourne temporairement de son contexte :
" comment réagir face à un comportement déviant?" Oui, comment faites-vous ? Et j'ajouterais volontiers "déjà" (puisque vous le faites déjà, de toute évidence), face aux comportement que l'on pourrait qualifier de "déviants" ? N'esiste-t-il pas, déjà, des "situations qui perturbent fortement l'ambiance à bord du bus" (pour reprendre une terminologie bien connue) ? Oui, comment faites-vous alors pour ne pas être "déstabilisés", "humiliés", rester "dignes" (Manu69). Et l'ambiance dans le "bocal à cornichons" (l'expression est d'un CR nantais) ne dépend-elle vraiment que des usagers et de la relation du CR à ceux-ci, ou
ne dépend-elle pas aussi des rapports des usagers à d'autres que le CR ? Les "tuniques bleues", dirait ce même CR nantais, les "cowboys" dirait un autre ... Ces petits noms vous évoquent-ils quelque chose ? Quelqu'un ? Une situation ? Des rapports professionnels ?
2. Et, à contrario de ce qui relèverait principalement de votre expérience propre, quelle formation cette fois, parmi celles que vous avez ou pourriez souhaiter suivre prochainement :
qu'est-ce qui vous semble ou vous semblerait pouvoir constituer à terme une réponse adaptée à cette problématique de la relation aux usagers ? S'agit-il seulement d'une question d'autorité (Manu69) ? Laquelle ? Celle d'un conducteur ? D'une conductrice ? De l'autorité ... organisatrice (excusez ce jeu de mot à propos du Sytral) ? Comment se forme-t-on à l'autorité d'ailleurs ? Pourquoi n'est "pas permis à tout le monde" (et non pas "donné", selon l'expression d'usage, notons le choix, sans doute pas anodin, de Manu69) ? Autorité ou ... autorisation ? Peut-on s'autoriser soi-même ? Doit-on le faire ? Qui en décide ? L'autorité, à quoi cela vous semble-t-il renvoyer ?
De quoi pourrait-il aussi, ou plutôt, devrait-il être question, s'il s'agissait de "faire correctement son travail" (Manu69) , que l'on soit ou pas en MPA ?
3. Enfin, et c'est sans doute la question la plus importante :
qu'est-ce qui vous semble manquer cruellement dans ce qui précède, s'il s'agissait d'évaluer, en y prenant part, les enjeux et l'impact de la mise en place de la MPA ?
Pour finir, et si vous avez bien voulu me lire jusqu'au bout, vous serez être surpris que je ne m'insurge pas du fait "la dimension humaine de la MPA a été complètement occulté", alors même que "celle-ci est porteuse de toutes les questions et angoisses des CR concernant ce projet" (nous dit Manu69). Ne suis-je pas Psychologue et Psychosociologue, que diable ? Cette dimension à toute son importance, on a effectivement tendance à l'oublier, mais au prétexte qu'enfin on en reconnaîtrait l'importance, ce n'est certainement pas une raison pour passser les autres dimensions (propres à l'organisation, aux dépôts, aux unités, aux équipe et autres groupes constitués, ...) par pertes et profits. Qu'en pensez vous ?
Autant de questions qui, me semble-t-il, ne font que peu de cas d'un clivage binaire "pour la mpa" / "contre la mpa". Un truc plus du genre "quelle mpa, pourquoi et comment ?"
Au plaisir de vous lire,
Cordialement,