Tu pars dans l'outrance, ce qui pourrait laisser penser que tu n'es pas si sûr que ça des fondations de tes convictions. Et stp ne pars pas nonn plus dans une impasse en reformulant les discours que j'ai entendu il ya quelques dizaines d'années dans un monde bagnolard, qui nous laisse une facture monumentale, avec les mêmes arguments, juste en changeant le nom du mode de transport...
Quand on pourra trouver en rayons, dans un budget non pas décent, mais compatible avec les réalités, une voiture réellement polyvalente, capable de consommer 2 litres au 100kms en cycle urbain - ne rigoles pas, c'est dans les cartons des constructeurs depuis des lustres mais les brevets ont été pour la plupart rachetés et mis sous le boisseau - mais capable également de répondre à d'autres usages, tous différents et variables selon le temps / le mode de vie / l'utilisateur, tout en permettant une pluralité de trajets et pas seulement une circulation de quelques kilomètres autour d'un point fixe, on aura la possibilité de faire un ajustement beaucoup plus fin en terme d'équipement. On pourra développer, mais ce n'est pas le sujet présent.
Dans la situation actuelle, les personnes qui se lancent dans l'acquisition n'ont tout simplement pas le choix : ils doivent avoir un véhicule, pour X raisons qui sont les leurs, et que tu ne connais nécessairement pas ; par principe, ce ne sont pas automatiquement des bagnolards « qui pourraient faire des efforts » en abandonnant leur voiture.
Ce n'est enfin plus, et il était temps, un équipement pour des questions de statut / standing / image valorisante, etc. ; cette partie de l’affect est désormais reprise et satisfaite pour une petite fraction de la population par la possession de véhicules électriques, chers, luxueux même, mais qui ont l'immense avantage d'offrir pour le prix un 'bonus écologique', une bonne conscience en quelque sorte.
Mais pour ceux qui n'ont pas d'autres choix compte tenu de ce qu’ils sont, de leur vie, et que tu imagines sans connaître ? Qui ne peuvent ni circuler en vélo, ni payer un taxi au moindre déplacement, ou qui ont des besoins de mobilité précis nécessitant l'usage de la voiture ne serait ce que partiellement ? De ce fait, on leur interdit l’usage de la ville ? On crée une caste spéciale d'intouchables, et on les mets dans des quartiers réservés ? Non, hein ? ce serait un peu rude.
Donc la solution passe par la recherche d'une intelligence collective et pas par la mise en oeuvre brutale, au timing absolument pas en phase avec une réalité plurielle, de solutions techniques, d'injonctions, ou création de catégories de citoyens enleur déniant une partie de leurs droits (je sais que tu aimes mettre en doute une partie de ces droits, ou tout au moins, les réduire progressivement, à la marge, trois fois rien).
Pour l'instant, rien n'est réellement prêt pour un abandon relativement brutal de la possession d'un véhicule par ceux qui sont en situation de pouvoir le financer, et leur report sur d’autres modes. Pour les autres c'est déjà trop tard ou mission impossible, et ils n'ont que le choix des TC si toutefois les TC sont en adéquation avec leurs besoins ; et certains, rares mais ils existent, n’ont pas cette option.
La réalité est là, et pas ailleurs, et les admonestations, leçons de morale et crispations indignées de plus en plus fréquentes (tu n'es pas visé en particulier, je fais un constat de politique générale) pour inciter à passer brutalement d'un état avec "voitures excessives" à un autre état actuellement (provisoirement?) pro vélos dont l'équilibre paraît pour le moins très incertain, deviennent tout simplement vides de sens.
En dehors d'un temps d'adaptation certainement plus long que ce qui est fait actuellement (correspondant au temps admis jusque là d'achat, de possession, et de déprise d'une voiture, avec le kilométrage que l'on peut raisonnablement en attendre en fonction de son prix et de sa potentialité résiduelle en cas de revente) pas de salut : il ne peut y avoir aucune adhésion de la grande masse, celle qu'il est d'usage de contraindre, sauf que la contrainte se rapproche de sa limite d'acceptabilité.
La plupart des acquéreurs ne comprend tout simplement pas que pendant des années, ont été vendus des millions de véhicules présentés avec des critères graduellement de plus en plus écologiques, et que brutalement, des injonctions venant de la même sphère, donc qui devraient assumer les discours précédents sous le couvert de l'autorité sachante, indiqueraient qu'en fait, non, c'est de la flûte. Pour décrédibiliser le discours d'intérêt général à la nécessité de faire quelque chose d'efficace parce que réfléchi, conscient et maîtrisé, c'est parfait.
Un exemple : achetez une voiture diesel aujourd'hui, qui vous permet de faire de longs trajets à un coût psychologique relativement maîtrisé ... vous ne pourrez plus vous en servir dans une vingtaine de mois. Ni la revendre d'ailleurs, vu qu'elle ne pourra pas administrativement circuler dans la ZFE, que vous soyez habitant de cette ZFE, ou ayant un intérêt ou une obligation à y entrer.
Idem pour tous les possesseurs de gros mazout anciens (vade retro mazoutas), qui n'ont que les moyens de prolonger le plus possible la vie de leur outil de mobilité pour le remplacer le plus tard possible par un autre véhicule pour un usage contraint et nécessaire. Il va se passer quoi ? Vendus au poids de la ferraille, pour qu’ils circulent en Europe de l'Est ou en Afrique ? Et rien ne coince dans les injonctions de défense du climat avec un tel enchaînement foireux ?
In fine, "l'opposition" entre la Ville et la périphérie, qui ne devrait tout simplement jamais entrer dans un quelconque questionnement ou constat de fait, s'est imposée et devient tout simplement hystérique au travers de l'opposition voitures / vélos ; quel est l'intérêt de cette situation ? Parce qu'il y a nécessairement un intérêt à cela. L'idée d'une partition ville / périphérie est tout simplement stupide, sauf à vouloir poursuivre une idée "de riches" (si un terme plus scientifique est disponible, le mettre ici).
La ville de Londres est un exemple parfait de l'abomination que peut produire ce principe : une ville où circulent de belles voitures filtrées par le péage urbain, à coté de gens qui vont pieds nus sur les trottoirs. C'est choquant.
Désolé d'être un poil longuet.
Alors si on veut réellement faire quelque chose sur une trajectoire maitrisée, et virer la voiture, il faut mettre le budget en face pour les TC, mais pas seulement en intramuros de la Métropole. C'est tout le bassin d'attraction au complet qu'il faut équiper pour que chaque point de ce territoire soit à moins de 5 minutes à pied d'un mode collectif capable de transporter n'importe quoi et n'importe qui par n'importe quel temps d'un point à un autre en moins d'une heure … Vaste programme.
J'ai pas le budget, la Métropole non plus,donc plan B : détendre le calendrier pour faire en sorte d'une part que les véhicules actuels qui ne sont pas immortels disparaissent "naturellement" par déconstruction au bout de leur potentiel et soient remplacés par d'autres plus pertinents ET d'autre part, organiser tout ce qui est possible pour que chacun, et je dis bien chacun, puisse trouver des solutions de mobilité plurielles en face de ses besoins, solutions compatibles avec ses contraintes budgétaires, sans que chacun soit inéluctablement rejeté et obligé de partir de la métropole...
Ce but inclut le développement et l’accompagnement réel de tous les autres modes. Sans créer de castes, de catégories, d'ostracisation imbéciles entre "bons" et "mauvais" citoyens en termes de mobilités.
Il ne s’agit plus « d’apaiser » mais de garder la pluralité d'habitants...