La Pacific 231 K 82 qui était garée à Saint-Étienne Châteaucreux depuis janvier 1976 nous a quitté il y a quelques jours. :'(
Pour info (ou rappel), la ville avait demandé à la SNCF de lui mettre à disposition une locomotive pour symboliser l'histoire ferroviaire locale (première ligne continentale, exploitation du charbon) voire assurer des trains pour les ARF (Amis du Rail du Forez).
En effet, le musée de la SNCF venait d'être installé à Mulhouse (j'avais lu dans la presse il y a quelques années que la ville de Saint-Etienne avait refusé par deux fois des propositions de la SNCF à l'époque) et Saint-Étienne abandonnait le charbon, ressource intimement lié au chemin de fer. Un musée de la Mine a d'ailleurs vu le jour quelques années plus tard.
Cette demande a été acceptée et une locomotive Pacific 231 K a été garée à Châteaucreux sur une voie en extérieur. Une clause du contrat prévoit alors que la SNCF peut reprendre la locomotive si elle n'est pas mise en valeur. A part la participation à des festivités pour l'anniversaire des premières lignes de chemin de fer, elle subit les intempéries.
On la déplace alors sous la rotonde. Mais prise d'assaut par les vandales, elle est alors entourée d'un grillage.
La rotonde, abandonnée, devient dangereuse, les tôles du toit tombant au sol. Elle doit être démolie. Par ailleurs, la locomotive n'est semble-t-il plus en état de rouler.
Les projets tardent alors à se réaliser. Le musée à Couriot se fait sans le chemin de fer.
Un temps annoncée à Châteaucreux (sur le parvis) puis au parc Couriot jouxtant le puits de mine avec des wagons de charbons, rien ne se fait concrètement.
Elle a donc été reprise le 10 juin par la SNCF, après 35 années d'errances sous différentes municipalités de gauche comme de droite, qui l'a emmenée à Limoges et confiée à une association pour restauration.
Devant la polémique, la ville de Saint-Étienne a écrit une lettre au président de la SNCF pour demander des explications sur le fond et sur la forme.
En effet, selon la municipalité, un projet était sur le point d'aboutir avec l'association des amis du chemin de fer du Haut-Forez après avoir été lancé il y a quelques mois.
(Sources : La Gazette de la Loire, la Tribune Le Progrès, ARF, municipalité)
Voir le communiqué des Amis du Rail du Forez : http://arforez.free.fr/Files/amis_du_rail_du_forez___________communique_____________10.pdf.
J'ajouterais mes profonds regrets devant le manque de considération pour le chemin de fer à Saint-Étienne.
Rappelons que la première ligne de chemin de fer sur le continent européen reliait la Terrasse (actuel siège du Crédit Agricole rue Bergson) à Andrézieux en 1827 pour acheminer le charbon des mines à la Loire et ses rambertes (nom venant de Saint-Rambert d'où venaient ces embarcations démontables). Le premier pont de chemin de fer, classé, est toujours "visible" dans un champ à Villars au Bois Monzil près de la ligne actuelle vers Roanne et Clermont-Ferrand.
La première ligne de voyageurs de France était Saint-Etienne - Lyon en 1832 avec un tracé quasi identique à l'actuel. Partant du siège (devenu annexe) de Casino rue de la Montat, elle a entraîné la construction du tunnel du Pont de l’Âne, refait depuis.
Les Amis du Rail du Forez ont établi un historique intéressant sur leur site : http://arforez.free.fr/histoire_et_patrimoine_424.htm
Malheureusement, seules quelques plaques et les ARF ainsi que les Amis du Vieux Saint-Etienne tentent de rappeler ce glorieux passé. L'effort de valorisation touristique est pour ainsi dire quasi inexistant >:(.
Je lance ici un appel à témoignages, photos et vidéos de cette locomotive. Les témoignages du passé ferroviaire dans le bassin stéphanois sont également les bienvenus.
En espérant qu'une mobilisation forte et la manifestation de notre intérêt pour le patrimoine ferroviaire nous permettront de laver cet affront, ou ces affronts, à l'Histoire.