Au revoir à la Pacific...

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turbotrain
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Au revoir à la Pacific...

Message non lupar turbotrain » 05 juil. 2011, 01:50

La Pacific 231 K 82 qui était garée à Saint-Étienne Châteaucreux depuis janvier 1976 nous a quitté il y a quelques jours.  :'(

Pour info (ou rappel), la ville avait demandé à la SNCF de lui mettre à disposition une locomotive pour symboliser l'histoire ferroviaire locale (première ligne continentale, exploitation du charbon) voire assurer des trains pour les ARF (Amis du Rail du Forez).
En effet, le musée de la SNCF venait d'être installé à Mulhouse (j'avais lu dans la presse il y a quelques années que la ville de Saint-Etienne avait refusé par deux fois des propositions de la SNCF à l'époque) et Saint-Étienne abandonnait le charbon, ressource intimement lié au chemin de fer. Un musée de la Mine a d'ailleurs vu le jour quelques années plus tard.

Cette demande a été acceptée et une locomotive Pacific 231 K a été garée à Châteaucreux sur une voie en extérieur. Une clause du contrat prévoit alors que la SNCF peut reprendre la locomotive si elle n'est pas mise en valeur. A part la participation à des festivités pour l'anniversaire des premières lignes de chemin de fer, elle subit les intempéries.

On la déplace alors sous la rotonde. Mais prise d'assaut par les vandales, elle est alors entourée d'un grillage.

La rotonde, abandonnée, devient dangereuse, les tôles du toit tombant au sol. Elle doit être démolie. Par ailleurs, la locomotive n'est semble-t-il plus en état de rouler.

Les projets tardent alors à se réaliser. Le musée à Couriot se fait sans le chemin de fer.
Un temps annoncée à Châteaucreux (sur le parvis) puis au parc Couriot jouxtant le puits de mine avec des wagons de charbons, rien ne se fait concrètement.

Elle a donc été reprise le 10 juin par la SNCF, après 35 années d'errances sous différentes municipalités de gauche comme de droite, qui l'a emmenée à Limoges et confiée à une association pour restauration.

Devant la polémique, la ville de Saint-Étienne a écrit une lettre au président de la SNCF pour demander des explications sur le fond et sur la forme.
En effet, selon la municipalité, un projet était sur le point d'aboutir avec l'association des amis du chemin de fer du Haut-Forez après avoir été lancé il y a quelques mois.

(Sources : La Gazette de la Loire, la Tribune Le Progrès, ARF, municipalité)
Voir le communiqué des Amis du Rail du Forez : http://arforez.free.fr/Files/amis_du_rail_du_forez___________communique_____________10.pdf.

J'ajouterais mes profonds regrets devant le manque de considération pour le chemin de fer à Saint-Étienne.
Rappelons que la première ligne de chemin de fer sur le continent européen reliait la Terrasse (actuel siège du Crédit Agricole rue Bergson) à Andrézieux en 1827 pour acheminer le charbon des mines à la Loire et ses rambertes (nom venant de Saint-Rambert d'où venaient ces embarcations démontables). Le premier pont de chemin de fer, classé, est toujours "visible" dans un champ à Villars au Bois Monzil près de la ligne actuelle vers Roanne et Clermont-Ferrand.

La première ligne de voyageurs de France était Saint-Etienne - Lyon en 1832 avec un tracé quasi identique à l'actuel. Partant du siège (devenu annexe) de Casino rue de la Montat, elle a entraîné la construction du tunnel du Pont de l’Âne, refait depuis.

Les Amis du Rail du Forez ont établi un historique intéressant sur leur site : http://arforez.free.fr/histoire_et_patrimoine_424.htm

Malheureusement, seules quelques plaques et les ARF ainsi que les Amis du Vieux Saint-Etienne tentent de rappeler ce glorieux passé. L'effort de valorisation touristique est pour ainsi dire quasi inexistant  >:(.

Je lance ici un appel à témoignages, photos et vidéos de cette locomotive. Les témoignages du passé ferroviaire dans le bassin stéphanois sont également les bienvenus.
En espérant qu'une mobilisation forte et la manifestation de notre intérêt pour le patrimoine ferroviaire nous permettront de laver cet affront, ou ces affronts, à l'Histoire.
Dernière modification par turbotrain le 05 juil. 2011, 01:57, modifié 1 fois.
airness
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Re : Au revoir à la Pacific...

Message non lupar airness » 05 juil. 2011, 11:38

@ turbotrain si vous voulez j'ai des photos  du départ vers limoges et il y a l'histoirien de l'arf sur ce forum son pseudo c'est gérard arf moi je suis le secrétaire adjoint de cette association (arf) alors n'hésitez pas à envoyez à m'envoyez des mp et a laisser des messages sur le site c'est mr gérard arf qui gère le site il vous répondra plus facilement
Dernière modification par airness le 05 juil. 2011, 11:44, modifié 1 fois.
airness et membre du comité ter saint-étienne lyon mettez vos carnets d'adresse à jour l'adresse commencant par tag300 n'existe plus merci
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Re : Au revoir à la Pacific...

Message non lupar man-x86 » 05 juil. 2011, 15:53

Je préfère qu'elle soit dans un musée (cité du train à Mulhouse), qu'en train de rouiller dans une rotonde sur le point de s'écrouler...

Si elle ne servait jamais (pas comme une des dernières 141 P ou l'autorail panoramique) et qu'elle a de la valeur (dernière de sa série, remettable en état pour l'exposition ou la remise en circulation), je ne vois aucun inconvénient à ce qu'elle soit dans un lieu fermé où elle sera vue et entretenue.
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Re: Au revoir à la Pacific...

Message non lupar Pp87 » 27 déc. 2023, 18:10

Bonjour,

Quelques nouvelles de la Pacific 231.

Le Populaire, le 27/12/2023
https://www.lepopulaire.fr/limoges-8700 ... _14415153/
Train à vapeur
La Pacific 231 de Limoges : au nom du père


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CFTLP trains en Limousin © Nino SOVERAN

Dans l’atelier de Puy-Imbert, au nord de la gare de Limoges, une association fait vivre les locomotives à vapeur qui ont disparu du paysage ferroviaire français dans les années 1960. L’association Conservatoire ferroviaire territoires Limousin Périgord (CFTLP) travaille notamment à la remise en état d’une impressionnante Pacific 231. Rencontre avec le fils de son dernier conducteur.

En ce samedi d’octobre, Jacques Gauchet a encore une fois franchi les quelque 200 kilomètres qui séparent Bordeaux de Limoges pour enfiler un bleu de chauffe et s’occuper de la Flèche d’or. Aujourd’hui, c’est nettoyage haute pression de la chaudière de cette locomotive à vapeur 231 K 82, troisième joyau de l’association Conservatoire ferroviaire territoires Limousin Périgord (CFTLP).

Parmi tous les membres de l’association, Jacques est celui qui a une relation très particulière avec cette locomotive : son père en a été le dernier conducteur, jusqu’à la mise à retraite de celle-ci, le 11 janvier 1969, au dépôt SNCF de Calais Maritime. « Quand elle est arrivée ce jour-là, c’était émouvant. Il y a eu une réception en mairie, mon père et ses collègues ont signé le livre d’or » se remémore celui qui avait, à l’époque, 13 ans.

Mastodonte épuisé
Aujourd’hui, la vieille dame a l’air d’un mastodonte épuisé. Mais il ne faut pas s’y tromper : la rouille n’est que de surface, et la bête fabriquée à Belfort en 1920 n’est pas encore bonne pour la casse. Les bénévoles de l’association limougeaude s’échinent à la remettre sur de bons rails.

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CFTLP train à vapeur Limoges, restauration de locomotives - Photo Christophe Péan

L’enveloppe de métal qui entoure la chaudière, laissant une couche d’air entre celle-ci et l’extérieur, a été démontée. La boîte à fumée et la chaudière sont à nu. C’est là que se concentre une grande part du travail que doit mener l’association pour, qu’un jour, ce Monument historique puisse rouler.

Car c’est bien l’objectif : disposer d’une troisième locomotive à vapeur apte à proposer de grands trajets, quand les deux autres engins fumants de l’association sont plutôt taillés pour des sorties de proximité ou sur les bordures du Limousin.

De la soudure à réaliser
Avant de la voir partir pour Paris ou Bordeaux, il y a de la soudure à faire. Dans la chaudière circulent des tubes de fumée qui, chauffés par le foyer, transforment l’eau bouillante de la chaudière en vapeur. Laquelle, pour résumer, entraîne un cylindre qui entraîne les roues. Ce sont ces tubes, rouillés, qu’il a fallu démonter avant d’en faire refabriquer à l’identique, en Allemagne, vers laquelle l’association se tourne dès qu’il s’agit de productions techniques désormais impossibles en France.

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CFTLP train à vapeur Limoges, restauration de locomotives - Photo Christophe Péan

Les nouveaux pourraient arriver d'ici à quelques semaines et être ressoudés dans la foulée. Pas par n’importe qui : c’est une entreprise d’Ambazac, certifiée pour cela, qui s’en chargera. Viendra ensuite le moment crucial de la mise en pression de la chaudière.

« La pression de test doit tenir une fois et demie la pression de service, qui est de 16 bars »
Jacques GaucheT

Encore faut-il que l’ensemble soit parfaitement étanche, ce dont doivent s’assurer les membres de l’association. Le tout se fait sous contrôle d’une entreprise de certification, qui apposera une pastille de conformité nécessaire pour pouvoir circuler, ensuite, sur le réseau SNCF et transporter des voyageurs en toute sécurité.

Démontage tous les 10 ans
La qualification est valable 10 ans. À cette échéance, il faut tout redémonter et tout tester, pour la 231 K comme pour les deux autres machines à vapeur que fait rouler l’association. Le reste des travaux, roulements, freins, accessoires, peinture… « On peut en grande partie le faire nous-mêmes », assure Jacques Gauchet.

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CFTLP trains en Limousin Nino Soveran

Lui est électro-mécanicien de métier, mais, comme les autres, il s’est formé à ces mécaniques que sont les vapeurs. Il est même préposé conduite, apte à prendre les commandes d’une loco. Comme son père, outilleur pour les machines-outils, devenu conducteur émérite de ces Flèches d’or, qui faisaient Paris-Calais à 120 km/h en tirant jusqu’à 680 tonnes. Une performance que les diesels ont eu du mal à égaler.

Notre documentaire :




Souscription

Par l’intermédiaire de la Fondation du patrimoine, une souscription est en cours pour soutenir la restauration de la 231 K 82, qui appartient toujours à la SNCF. Le montant des travaux est estimé à environ 144.000 euros, les dons sont toujours les bienvenus. Les dons permettront d’aider à la restauration du train de roulement, puis de la chaudière et du mécanisme moteur. Renseignements sur fondation-patrimoine.org ou au 05.55.08.17.52.

Histoire de retrouvailles.
L’engin a pris sa retraite le 11 janvier 1969, « brutalement, un jour où un homme politique a pris le train rapide entre Paris et Calais et a dit qu’il fallait remplacer ce vapeur par un diesel ». C’était la dernière à assurer une ligne rapide en France. Pour les locomotives vapeur, c’était direction la ferraille, découpées parfois par ceux-là mêmes qui les avaient conduites et qui n’avaient pas été reconvertis au diesel.

Trois Pacific de Calais sont sauvegardées, l’une part au dépôt de Paris nord, une autre en Angleterre, la troisième, la 231 K 82, part pour Saint-Etienne, en 1976, où elle passe de dépôt en dépôt, aux mains d’associations. Jacques Gauchet, qui habite à Bordeaux, ne perd pas de vue la loco de son père. « Elle a plutôt été préservée, elle est saine, mais au bout d’un moment, elle commençait à se faire pirater. »
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Train vapeur en Limousin, René GAUCHET, deuxième en partant de la gauche, dernier conducteur de la PACIFIC du CFTLP Limoges

Il était déjà membre de l’association limougeaude, mais n’aurait jamais imaginé travailler un jour sur cette machine. « Et puis, en 2011, dans une sorte d’opération commando, on est allé la chercher. Quand elle est sortie, toute poussiéreuse, de la rotonde de la gare de Saint-Étienne, j’ai eu les larmes aux yeux. » Suit un périple compliqué de plusieurs jours pour relier Saint-Etienne à Limoges, par le rail, l’ex-Flèche d’or est tractée « comme une marchandise roulante ». La voilà à l’abri, dans les ateliers de l’association, attendant de fumer à nouveau. « J’ai 68 ans, j’espère que ça va aller assez vite », glisse Jacques Gauchet. Lui qui est préposé à la conduite pourrait, un jour, reprendre les commandes de la dernière Flèche d’or de René, son père. « Ce qui serait extraordinaire, ce serait de refaire une double traction avec la K8, celle qui est à Paris, et de refaire une Flèche d’or ».

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BBArchi
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Re: Au revoir à la Pacific...

Message non lupar BBArchi » 04 janv. 2024, 00:16

Merci pour ces belles nouvelles ! :smitten:

Une pique en passant pour le pays stéphanois qui n'a pas su ou voulu s'occuper de son patrimoine industriel (méconnu mais fantastique parfois) d'une façon suivie, qui lui aurait permis aujourd'hui d'avoir d'autres atouts et une autre image que celle de métropole sinistr(é)e malgré quelques sursauts (musée d'art moderne, cité du design) encore portés à bout de bras...

Cette belle locomotive est passée très près de la catastrophe, d'autres éléments à haute valeur patrimoniale n'ont pas eu cette chance.

Merci aux bénévoles du CFTLP (Conservatoire Ferroviaire Territoires Limousin Périgord) !
:plus:
https://www.trainvapeur.com/

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