Message non lupar eric » 19 avr. 2019, 10:01
Le Figaro.fr
jeudi 18 avril 2019
TGV, TER, RER: le rapport qui dénonce les retards endémiques de la SNCF
Négroni, Angélique
EXCLUSIF - Le rapport annuel de l’Autorité de la qualité de service dans les transports (AQST), que Le Figaro s’est procuré, souligne la baisse importante de la qualité de service, sur les lignes locales comme sur les TGV.
Trains en retard ou annulés: 2018 est une année noire pour le trafic ferroviaire. Entre la grève des cheminots au printemps, les diverses intempéries et la vétusté des infrastructures, la situation s’est globalement dégradée sur toute la ligne. Du train du quotidien au TGV, les chiffres sont mauvais, comme le révèle le rapport annuel de l’Autorité de la qualité de service dans les transports (AQST), que Le Figaro s’est procuré. Créée en 2012, cette structure, qui dépend du ministère du Développement durable, dresse chaque année une photographie de l’état de nos transports en France.
Ainsi, en raison notamment de la grève générale qui a touché de plein fouet la SNCF, d’avril à juin dernier, la situation s’est fortement aggravée dans le transport ferroviaire. Les taux d’annulation touchant les liaisons longue distance ont atteint «des niveaux inédits», est-il écrit. La hausse des annulations pour les TGV est de 6,8 % et c’est la ligne Paris Nord-Arras qui a d’ailleurs battu les records avec un taux de 13,3 %.
Un TGV sur six en retard
Mais les raisons du recul de la qualité de service ne sont pas que conjoncturelles. D’ordre structurel également, elles expliquent aussi la hausse importante des retards des TGV. De 15,4 % en 2017, celle-ci a atteint les 17,8 % en 2018. «Soit plus d’un train sur six qui n’arrive pas à l’heure. C’est trop», souligne Alain Sauvant, le directeur de l’AQST. Mis à part l’incident exceptionnel du 27 juillet gare Montparnasse, victime d’une rupture d’alimentation électrique, les causes de ces perturbations sont liées aux fréquentes pannes qui affectent le réseau classique, aujourd’hui vétuste, et qu’utilisent les TGV sur certaines portions.
Autre raison: l’engorgement de certaines gares qui ont atteint les limites de leurs capacités. Ça bouchonne et ça ralentit dans les gares parisiennes et lyonnaises… C’est sur la ligne Le Mans-Paris Montparnasse que les usagers ont le plus souffert avec un taux de retard record de plus de 32 %! À l’inverse, la ligne Paris Est-Nancy détient le plus faible taux, de moins de 8 %, lequel reste tout de même élevé, lors de cette année noire.
Concernant les Intercités, les chiffres sont aussi décevants. Après une lente dégradation, on est désormais loin des 11,1 % de retards de 2013, le meilleur résultat enregistré ces dernières années. Désormais, le taux est de 17,2 % contre 14,6 % en 2017. Selon le rapport, «les liaisons Intercités les plus ponctuelles concernent principalement des liaisons plus courtes entre des villes de province». Toutefois, c’est la ligne Montparnasse-Granville qui a le mieux respecté les horaires avec un taux de retard de 9 %. Et c’est la liaison Marseille-Bordeaux qui est catapultée en tête des lignes les moins fiables, avec un taux record de 33 % contre 22 % en 2017. «En plus des grèves au printemps, la ligne traverse le département de l’Aude qui a subi d’importantes inondations à l’automne. Cela a joué», souligne Alain Sauvant.
Des situations différentes selon les régions
Quant aux trains régionaux, hors Ile-de-France, la qualité du service a aussi reculé mais dans des proportions moindres. Le taux de retard, qui était de 9,1 % en 2017, culmine à 9,6 %. Mais derrière ces données globales, le rapport fait apparaître des situations contrastées d’une région à l’autre. Si on peut prendre le train les yeux quasi fermés en Bretagne, où la ponctualité est la plus respectée (taux de retard de 5,3 %), à l’inverse «les régions situées dans le quart sud-est affichent des taux plus élevés de retard et d’annulation», note le rapport. Ainsi, en région Occitanie, les retards atteignent les 13,7 %. «On passe donc du simple au double au moins», relève Alain Sauvant en poursuivant: «Les raisons de ces horaires non respectés sont multiples. Il y a en premier lieu les causes dites externes, allant des mouvements sociaux à l’effondrement de talus. Mais la vétusté des infrastructures aggrave la situation.»
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Le rapport, qui réserve une place à part à l’Ile-de-France, note que «la ponctualité de l’année 2018 est restée à peu près stable par rapport à l’année précédente, avec toutefois des résultats contrastés selon les lignes». Avec son 1,2 million de voyageurs environ par jour, de loin le plus fréquenté, le RER A s’est amélioré grâce à une refonte d’horaires. Les quelques trains en moins évitent l’engorgement dès le moindre problème et la généralisation de rames à deux niveaux a maintenu le confort des voyageurs. Le RER B, cet autre monstre qui avale chaque jour ses 900.000 voyageurs, a fait aussi quelques légers progrès. «Dans cette photographie de la ponctualité voyageurs, il est vrai qu’on ne tient pas compte des trains annulés et cela peut poser débat», note le responsable de l’AQST.
Quoi qu’il en soit et malgré certaines améliorations, «aucune ligne RER et Transilien n’atteint les objectifs de ponctualité fixés par Ile-de-France Mobilités dans le contrat qui lie l’autorité organisatrice aux opérateurs», souligne le rapport.