Les bus au GNV roulaient historiquement au gaz disponible "au robinet" donc au gaz fossile.
- Inconvénients = les mêmes que le pétrole pour la question de la provenance et du caractère fossile
- Avantage net, cependant, au niveau des émission (même si, théoriquement, avec l'Euro 6, l'avantage s'est réduit)
... sauf que les bus au GNV peuvent être alimentés au biométhane. Là, on passe à une ressource renouvelable. Mieux, on exploite des gaz qui seraient en partie perdus lors de la décomposition des matières organiques.
Mais on me répondra peut-être qu'on n'alimentera pas directement les flottes de bus avec du biométhane pour la simple et bonne raison qu'on n'installera pas un dépôt de bus sur un site de production de biométhane, notamment pour des raisons de sécurité ou encore parce que les critères d'implantation ne sont pas les mêmes (éloignement des zones habitées
versus proximité des circuits à assurer pour limiter les HLP).
On pourrait alors comprimer fortement le gaz pour le stocker sous forme liquide (GNL). Mais ça coûte très cher, ça consomme plus d'énergie et pour s'utiliser directement dans les véhicules, il faut des réservoirs à une pression supérieur à ce qu'on trouve généralement. C'est donc plutôt réservé au transport du gaz fossile dans les endroits où les gazoducs sont compliqués (pour traverser un océan, par ex.).
Pour être rentable et intéressante, la production de biogaz doit alors :
- être injectée dans le réseau
- être utilisée sous forme comprimée "classique" (GNC)
Elle peut alimenter les consommateurs / consommations habituel(le)s : industries, chauffage des particuliers, plaques chauffantes... Pour un réseau de TC, la méthode la plus simple pour l'exploitant est de se relier au réseau et de comprimer lui-même son gaz pour alimenter ses véhicules avec une charge "lente" (= pendant la nuit).
Du coup, pour avoir des "bus au biogaz", il faudrait se contenter de "certificats verts". On entendrait alors probablement la même critique que pour l'électricité verte : selon les critiques, cette énergie serait de toute façon consommée par d'autres utilisateurs donc rien ne garantirait que les véhicules tourneraient au biogaz. Si vous avez ça en tête, laissez tomber. C'est plus subtil !
La consommation de gaz est cyclique. Je ne me souviens plus la proportion entre été et hiver mais c'est énorme (comme de 1 à 7 ou 1 à 10). Or, à l'inverse, la production doit être constante. Pour le gestionnaire du réseau de distribution de gaz, la part de biogaz dans le réseau ne doit pas excéder un plafond. Du coup, afin de valider certains projets de production de biogaz, il faut impérativement se baser sur la période d'étiage. Tout consommateur de gaz assurant un volume
toute l'année est à prendre en compte, à l'inverse du chauffage. On est donc dans deux tendances opposées :
- D'un côté, on ne fait pas la promotion du gaz pour le chauffage (ex. RT2012)
- De l'autre, le passage au gaz d'une flotte de véhicules circulant de façon assez régulière toute l'année peut être un des éléments déclenchant la réalisation de centrales de méthanisation
Conclusion : ce n'est pas du tout le gaz fossile qui est visé (quelle qu'en soit la forme) car son bilan environnemental et les questions liés à son approvisionnement ne le rendent pas désirable du tout ! C'est le biogaz qui intéresse et notamment celui qui est issu des déchets organiques locaux (excréments, déchets alimentaires...) qui ont vocation à perdurer, même en cas de passage à un mode de vie "décroissant".