Message non lupar Chris69002 » 15 avr. 2024, 10:30
Un article sur un chauffeur de bus fraîchement recruté et son point de vu.
Jeune chauffeur de bus, cette nouvelle recrue se dit « désenchantée »
V. B.
Alors que les absences de personnels ont pesé, l’an dernier, sur le réseau TCL et notamment celui des bus, Keolis continue de s’inscrire dans une dynamique de recrutements. Nouvel entrant dans l’entreprise, Martin(1) se dit déçu au bout de quelques mois. Lui qui a vu de nombreux jeunes partir, dit-il, livre son ressenti.
« C’est un métier que je voulais faire, car j’aime la conduite. Je suis désenchanté ». Intégré dans les rangs de Keolis, en tant que conducteur de bus, Martin(1) , proche de la trentaine, est une jeune recrue, dans l’entreprise depuis moins de deux ans. Alors que Keolis, l’opérateur des transports en commun lyonnais, met l’accent sur le recrutement et que les syndicats - FO et CGT en tête - évoquent régulièrement un manque d’adéquation entre salaires et conditions de travail, le jeune homme a accepté de livrer son ressenti. « Sans tabou », dit-il.
De belles promesses
En reconversion professionnelle, le Rhodanien a été séduit par les campagnes de recrutement affichées par l’opérateur. « Il y avait de beaux véhicules présentés en portes ouvertes, de belles promesses, de beaux salaires avec des heures supplémentaires payées rapidement, un esprit d’entreprise mis en avant, et au final pas grand-chose », selon lui. Dans le sillage de sa formation de trois mois, on lui parle d’une affectation à Oullins. Il se projette : « On ne m’avait pas dit qu’il s’agissait d’un double dépôt, celui d’Oullins/Givors ».
Clients très compliqués et vieux véhicules diesel
Martin se retrouve donc à tourner sur Givors, « avec des clients très compliqués, de vieux diesels peu confortables avec le mal de dos ou de genoux qui va avec. Le salaire est de près de 2 050 € brut à l’embauche. Pour les heures sup’, il ne faut pas être pressé, elles sont versées par cycles de mois de travail ». Lui qui tourne sur plusieurs lignes, avec des séries de jours travaillés le matin, puis l’après-midi, des heures de nuit possibles, avec un week-end sur trois de présence au volant, ne se dit pas tant heurté par le rythme de travail, certes difficile, que par « le manque de considération » à ses yeux. « Cela ne donne pas beaucoup envie », note-t-il, « je me suis vu aussi refuser des demandes de formation. Il y a peu de visibilité, également, sur les plannings, il est difficile de se projeter ».
« L’impression d’être des matricules »
« En fait, on a l’impression que parmi les jeunes qui rentrent, peu veulent rester. Sur la dizaine de personnes qui était avec moi en formation, il en reste moins de la moitié. On a l’impression d’être des numéros, des matricules ». Le jeune chauffeur de bus s’interroge sur la suite de sa carrière et alerte : « Je n’ai pas fait un choix par défaut mais on a l’impression que tout est fait pour nous démotiver, que l’on oublie l’humain ».
(1) Prénom d’emprunt.