simseb a écrit :Ou alors la SNCF se sort les doigts du ... pour ne pas crever.
ça commence par travailler comme une entreprise normale.
A savoir problème = action / réaction.
En l'occurrence, le problème ce sont les retards.
A chaque retard, il devra y avoir réunion et plan d'action, d'où vient le problème, comment on fait pour que ça se reproduise pas, si le même problème se reproduit 10 fois, c'est qu'aucune action n'a été entreprise pour le réglé -> on vire le responsable.
Le suivant trouvera une solution pour pas perdre son job.
Ce que j'admire chez toi, c'est ta faculté à raisonner de manière totalement déconnectée du terrain.
Bien sûr, j'en conviens volontiers, il y a des marges de progression en matière de productivité du côté de la Grande Maison (je ne connais pas spécifiquement la branche Infra, ceci dit). Cela étant, RFF ayant un budget non extensible à l'infini et ayant la politique que l'on sait sur le réseau classique, on ne peut pas non plus tout rejeter sur la faute de la SNCF. Il est ici question d'un aiguillage défectueux, apparemment. Alors il y a schématiquement deux cas :
- soit RFF avait donné les sous et prévu le remplacement, ou l'entretien, de cet aiguillage, mais la SNCF ne l'a pas fait, et dans ce cas, elle est bien responsable de l'incident (mais ce n'est pas pour autant qu'elle doit, selon moi, supporter l'intégralité du préjudice - cf. plus bas) ;
- soit RFF avait laissé quelque peu à l'abandon les voies concernées, et je ne vois vraiment pas pourquoi l'EF SNCF devrait payer pour avoir commis la seule faute de faire circuler des trains prévus au service, mais sur un réseau mal en point.
Sait-on dans quel cas on était, pour l'affaire qui nous intéresse ? A en croire la presse, on serait bien dans le premier cas, mais vu comme la presse tend à confondre SNCF, RFF et bien d'autres, je reste dans le doute...
Je caricature sans doute, la situation est probablement un peu plus complexe que cela. A commencer par un troisième cas, à savoir que même avec les meilleurs soins du monde, une panne d'aiguillage reste toujours possible...
Le meilleur, ou plutôt le pire, dans ce jugement, est le montant des frais pour préjudice moral : 500 euros, pas moins, pour "inquiétude et énervement". Ben dis donc, ça vaut cher, une inquiétude et une colère d'avocat. Je devrais me mettre en colère plus souvent, apparemment, ça a l'air de rapporter.
Par ailleurs, je trouve que ce jugement est déséquilibré dans la mesure où il ne fait pas la part des choses. Personnellement, je ne considère pas qu'arriver 15 minutes avant le départ de son TGV est une marge suffisante, surtout si l'on a un train à prendre avant, a fortiori dans le quart sud-est de l'Île-de-France... mais ce n'est que mon avis. Surtout, ce qui me dérange, c'est le raisonnement de base : "j'ai une affaire à plaider à Nîmes un jour J [à quelle heure, d'ailleurs ?], je pars donc de mon domicile, à Melun, le jour J". Autrement dit, je vis en flux tendu, je n'ai absolument aucune marge, et si je suis à la bourre, ça sera forcément de la faute des autres. Je ferai ça la semaine prochaine quand on aura de la neige trois jours d'affilée, et je verrai bien la réaction de mes interlocuteurs...
Questions purement rhétoriques :
- était-il réellement impossible à cet avocat de partir la veille, de dormir à Nîmes, et de s'épargner ce genre d'aléa, surtout quand une somme pareille est en jeu ? (je sais pas vous, mais pouvoir gagner 2 836 euros en une journée, ça me laisse un peu rêveur...)
- s'il y avait eu des perturbations atmosphériques ayant conduit à limiter la vitesse des convois et l'empêchant d'être à l'heure, qu'aurait fait cet avocat ? Il aurait attaqué MM. Cumulo-nimbus, Stratus et Strato-cumulus devant la justice pour l'avoir empêché de plaider ? Non, il aurait probablement fait contre mauvaise fortune bon cœur et n'aurait cherché de noises à personne ; peut-être même qu'il se serait dit "ah tiens, la prochaine fois, j'essaierai d'être sur place un peu plus longtemps que 30 minutes avant". Ou alors, il aurait attaqué la SNCF pour ne pas avoir fait rouler les TGV à la vitesse habituelle, quitte à projeter un peu de glace dans tous les sens ?
- ce jugement veut-il dire que quelqu'un qui bosse à la Part-Dieu à 6 minutes à pied de la gare, qui doit commencer sa journée à 9h sous peine de voir sa paie amputée d'une demi-journée, peut désormais prendre un train arrivant à 8h53 et, en cas de retard du train supérieur à une minute, attaquer la SNCF et lui demander le paiement de la demi-journée perdue ?